Fondation

Le village de Sant Mateu, capitale historique du Maestrazgo de l’Ordre de Montesa, est une ville fondée par des chrétiens dans le cadre de la politique d’expansion de la Couronne d’Aragon entreprise par le roi Jaume I. La charte de peuplement de 17 juin 1237, accordée par le maître de l’Ordre de l’Hôpital Hugo de Fullalquer, est le document qui commence l’histoire de la ville actuelle.

Cependant, l’endroit où la Sant Mateu est situé, était déjà connu par ce nom au moins soixante ans avant cet événement. Cela a motivé l’approche des différentes hypothèses sur les origines de la population : un bastion mozarabe en terres musulmanes ? Existait-il un avant-poste de l’Ordre de l’Hôpital dans un territoire que Ramón Berenguer IV lui avait déjà promis en 1157, si c’était conquise?

Actuellement cette seconde possibilité est beaucoup plus considérée, essentiellement pour trois raisons: les minimes chances de survie d’une communauté mozarabe en territoire musulman, l’existence d’autres toponymes dans ce domaine de futur contrôle hospitalier, qui font référence à des évangélistes et l’existence d’une primitive Charte de population accordée à La Barcella (terme de Xert actuellement), l’année 1192.

En tout cas, il est nécessaire de faire référence à ce que le roi Jaume I écrivit dans sa chronique : au moment de la conquête de cette région (1233-1237), la vallée occupée aujourd’hui par Sant Mateu était déserte. Par conséquent, même si c’est possible qu’il y avait une première colonie chrétienne durant le dernier tiers du XIIe siècle, nous devons continuer à maintenir la date de fondation en 1237.

Avec la lettre de population,les conditions pour l’occupation du territoire par les nouveaux colons furent créées. Pour son élaboration, la coutume de Lleida fut prise comme modèle. C’est une compilation du droit coutumier dans la ville, recueillie et rédigée en 1228, et un modèle juridique plus moderne, à ce moment-là, dans la Couronne d’Aragon.

Selon la Charte de population, chaque nouvelle famille recevait une parcelle de terrain d’à peu près16000 m2, en régime d’emphytéose. L’ordre de l’hôpital réservait le droit sur les fours, moulins et forges qui étaient construits. Son utilisation par les habitants de la ville impliquait le paiement de différents impôts. Également leur était réservé l’exercice de la justice civile et pénale.

La population commença à s’installer dans la partie haute de la ville actuelle, dans la zone dite La Suda. Ce nom désigne l’existence d’une enceinte fortifiée, bien que la première référence que nous avons du même est datée du 1287. Il est possible que cette enceinte suivit une approche urbaine de camps romains, hippodamien ou reticulaire, toujours en vigueur au cours du moyen-âge. Ce modèle est bien documenté dans le cas des autres villes fondées dans le nord de Valence tout au long du XIIIe siècle, comme c’est le cas de Castellón de la Plana, Villarreal ou Nules.